Transat, Aude Picault

Editions Delcourt, collection Shampooing, 2009

En voyant son nouvel album en librairie, je n'ai donc pas hésité longtemps avant de l'acheter, de plus la couverture me plaisait bien aussi. Mais j'ai été un peu déçue. Je me suis ennuyée à certains moments de la lecture, et j'ai parfois trouvé les vignettes confuses (qui parle à quel moment ?), même si le sujet de départ est intéressant et parlant.
Transat raconte l'histoire d'une jeune graphiste (la trentaine, certainement l'auteur...) qui vit et travaille à Paris. La première partie nous montre le personnage principal dans son quotidien, qui se résume un peu à "métro-boulot-café-dodo" avec les aléas de la vie parisienne : appart trop petit où on vit "avec" ses voisins tant les cloisons sont minces, bruit et foule permanents, parisianisme bien marqué de certains personnages, vieilles amitiés qui se détricotent parce qu'on ne s'écoute plus ou parce qu'on n'a plus grand chose à se dire... Cette première partie est bien traitée, et puis Aude Picault réussit à toucher le lecteur, on se retrouve facilement dans certaines scènes ! (En tout cas lorsque le lecteur est une fille qui s'approche de la trentaine...)
Mais au milieu de cette vie assez monotone, la narratrice prépare un grand projet qui lui rend le sourire : celui de partir d'abord une semaine dans une maison, totalement seule et isolée sur une île bretonne, puis plusieurs mois sur un voilier autour des Antilles et des Caraîbes, avec des gens qu'elle ne connaît pas. Elle n'est pas particulièrement passionnée de voile, on la voit donc à l'oeuvre en train de potasser des livres de navigation pour retenir des informations techniques bien ennuyeuses (mise en abîme formidable de l'ennui de la narratrice qui lit ses livres de navigation et de l'ennui du lecteur lorsqu'il lit ces pages !).
La deuxième partie porte donc sur le voyage à bord du voilier, et c'est cette partie que je n'ai pas trop aimée. Je l'ai trouvée fade, pas grand chose d'intéressant alors que c'est censé être le grand voyage dont on attend beaucoup... Quelques pages où il n'y a qu'une grande illustration du voilier sur la mer (agitée, calme, de jour, de nuit...) sans bulles de parole. J'ai tourné ces pages sans grande motivation ni intérêt.
La dernière partie raconte le retour de la protagoniste, avec quelques phrases bilan que j'ai bien aimées :
"A 20 ans le monde s'ouvre à toi... et à 30 tu prends conscience que réaliser l'être formidable qui se cache en toi est plus compliqué que prévu. Alors on s'arrange avec le réel, en essayant de ne pas trop se résigner, en jonglant de façon plus ou moins honnête avec soi-même. Et finalement, on fait nos choix en fonction de notre propre environnement, du contexte, de notre degré de conscience, de rencontres que l'on fait, de celles que l'on rate... Chaque choix dérive d'une multitude de non-choix."
Et un des dernier dialogue entre la narratrice et un personnage plus vieux :
"- On ne peut pas rater sa vie.
- Mais comment ça ?!
- Tu ne peux pas "rater" ou "réussir" ta vie. Tu ne peux que la vivre..."
Mon avis est mitigé... je ne l'ai pas lue très rapidement, signe pour une BD que je n'ai pas été très enthousiaste. Quand même de bonnes pages et de bons passages, mais j'ai préféré, de beaucoup, Moi je, que Loula a lu et apprécié aussi.
Pour finir, voici un aperçu du graphisme d'Aude Picault :

Je vais maintenant me plonger dans ma prochaine lecture BD, Aya de Yopougon, tomes 3 et 4, là je sais que je ne serai pas déçue...